De l’importance de la relation au port du masque : le nouveau visage du lien social

Les interactions sociales : le propre de l’Homme

L’homme se construit par et dans la relation, il est par définition un être social. Relation au premier autre : la mère. Cet Autre apporte les soins et  la contenance nécessaires pour canaliser l’angoisse. Elle rassure, étreint, cajole. Son visage constitue le premier miroir de l’enfant,  miroir des émotions, des réactions, propre à développer des interactions.

Des repères bouleversés ..

En ces temps de distance sanitaire et sociale et de port du masque obligatoire dans certains espaces, nous sommes privés de l’authenticité de la relation reflétée par l’expression, de la spontanéité d’étreindre celui qui est triste, de tendre la main à celui qui vient de chuter. Cet autre dont l’Homme a besoin pour se construire en tant qu’être social devient un masque impassible voire une potentielle menace à éviter et dont il faut se protéger.

… Qui mènent à une distanciation sociale sur tous les plans !

Ainsi nous allons progressivement apprendre à trouver insupportable la présence de l’autre qui finalement nous oblige à mettre le masque, masque social, masque sanitaire, masque délétère pour la relation. L’autre sera symbole du bâillon qui s’impose à nous et nous écourterons les interactions pour s’en libérer et tomber le masque à l’abri de cet autre. 

Le masque : une protection sanitaire qui divise

L’altérité devient désormais persona non grata ; à la fois potentielle menace et garant de la surveillance du citoyen par le citoyen. L’autre se drape ainsi de l’habit du coupable ou du juge. L’autre n’est plus celui avec  qui je compagnonne, j’échange, je partage et dont je lis sans entrave les expressions de joie, d’étonnement, de tristesse ou simplement le sourire. Car sous le masque s’efface l’émotion pour ne laisser place qu’à la distanciation.

 

Émotions et expressions dissimulées par le masque : quelles conséquences pour la jeune génération ? 

L’expérience du visage impassible sur les jeunes enfants démontre d’abord l’incompréhension, l’agitation et le stress ensuite.  Quelle marque l’effacement visuel des manifestations émotionnelles laissera dans le psychisme de la jeune génération ? Leur manière de faire société en sera la révélation.

Entre peur, respect des consignes sanitaires et vie sociale : à chacun sa réaction face à la distanciation sociale ?

Alors que la proximité devient culpabilisante et se nomme danger, que la peur pousse au retranchement, l’individualisme frappe à la porte et s’immisce dans les habitudes. Le cercle relationnel se restreint et les libertés avec ; tels un prisonnier s’autorisant lui-même en fonction des barreaux dressés par l’angoisse, à sortir, entrer en relation, embrasser, toucher, aimer ses proches et vivre tout simplement.

Liens sociaux digitalisés : un goût amer de solitude

La virtualisation des échanges donne l’illusion de rester en relation alors qu’il ne s’agit que de connexion, de mots échangés, d’images pixelisées, du spectre d’être avec qui devient être sans, pour nous mettre à l’abri d’une réalité imperceptible : une potentielle contagion. Mais combien souffriront bien plus de la solitude que de ce virus ?

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